Tuer les personnes âgées du Japon ? Un film cannois teste une idée effrayante

CANNES, FRANCE (AFP) – Une cinéaste japonaise ébranle le public cannois avec une vision dystopique de son pays dans laquelle des personnes âgées acceptent d’être euthanasiées pour résoudre le défi du vieillissement rapide de la population.

Plan 75, du réalisateur et écrivain japonais Chie Hayakawa, est basé sur un problème bien réel.

Le Japon est la société industrielle qui vieillit le plus rapidement, une tendance qui cause d’énormes problèmes économiques et politiques, car un nombre décroissant de jeunes doit soutenir une armée croissante de personnes âgées.

Près de 30 % de la population japonaise a plus de 65 ans, en majorité des femmes, et ce taux devrait continuer d’augmenter au cours des prochaines décennies.

Dans le film, toute personne de plus de 75 ans est encouragée à signer un accord avec le gouvernement par lequel elle reçoit une somme d’argent en échange de son accord d’être euthanasiée. Un enterrement collectif est organisé gratuitement.

Des campagnes publicitaires astucieuses et des appels de personnes aux voix apaisantes font partie des efforts déployés pour inciter les gens à s’inscrire. De beaux conseillers listent les petits plaisirs que les candidats pourraient s’offrir avec l’argent. “Tu pourras aller au restaurant”, dit l’un.

“A première vue, le plan 75 du gouvernement est empreint de bonne volonté, de convivialité et de pragmatisme, mais en vérité, il est à la fois très cruel et honteux”, a déclaré Hayakawa à l’AFP dans une interview.

“Le vieillissement de la population n’est pas un problème récent, j’ai toujours entendu des gens en parler”, a-t-elle déclaré.

“Quand j’étais jeune, une longue vie était considérée comme une bonne chose, les gens respectaient les personnes âgées. Ce n’est plus le cas”, a ajouté le réalisateur de 45 ans.

“Froid et cruel”

Plan 75, le premier long métrage de Hayakawa, regorge de séquences lentes avec un minimum de mouvements de caméra.

“Je voulais que les images soient esthétiques et belles, ainsi que froides et cruelles, tout comme le plan lui-même”, a-t-elle déclaré.

Lorsqu’on lui a demandé à quel point son scénario était proche de la réalité japonaise d’aujourd’hui, Hayakawa a rapidement répondu “huit sur 10”.